Douce rêverie

J'sais pas si vous avez remarqué mais parfois on voit notre vie sur une piste d'envol, on se voit en train de décoller et d'atteindre les sommets du mont Bonheur ou encore les sommets de la chaîne du Bien-Être. Mais en fait c'est pas qu'on décolle, c'est juste que la route amorce une descente très rapidement... et en fait le paysage qu'on voyait au loin qu'on pensait atteindre en volant après avoir décollé, on va juste continuer sur la route qui en fait continue "derrière la colline". et en général au moment où l'on se rend compte que la route continue et que l'on a juste rêvé qu'on décollait, on a mal et on se trouve con d'avoir penser qu'on allait voler...

Bah la semaine dernière j'me croyais sur une piste de décollage, et cette semaine j'viens de voir la route qui descend quasiment à-pic. Peut-être qu'un jour j'trouverai un aéroport et j'prendrai un avion et j'dirai à l'avion "Envole-moi !". Mais en attendant je reste sur la route à continuer à faire mon p'tit bonhomme de chemin. J'demande pourtant pas grand chose, "une femme un boulot une maison" ... Trois choses essentielles... mais qui me manquent tellement...

J'ai pris le trian hier. A la gare j'ai vu des destinations qui m'ont fait rêvé. J'ai envie de partir. Non pas de partir pour ne plus revenir, mais partir pour changer d'air, voir d'autres horizons, essayer de voir comment sont les routes à l'étranger, savoir si ils ont des avions qui décollent... Cette envie je la ressens de plus en plus fort et pourtant j'n'ai pas l'impression que j'partirai un jour. C'est marrant d'avoir tellement envie d'une chose dont on sait finalement qu'elle ne se fera sans doute pas avant longtemps.

Le temps est long. Le temps me dure. Il me dure comme la vie l'est. La vie est dure. Le monde est dur. Le béton est dur. Laisse béton.

Plus je me prends à rêver et moins je vois la réalité. Et à chaque fois que je me rends compte que je rêve, le retour à la réalité est de plus en plus dur. Il y a une semaine j'me voyais quasiment casé, avec un boulot. Il me restait plus qu'à trouver une maison. Et aujourd'hui il n'y ni "case" dans laquelle me mettre, ni boulot dans lequel m'investir, et la maison s'éloigne encore un peu plus. Un peu plus d'eau va couler sous les ponts et je vais finir par reprendre ma vie pépère. Cette petite vie qu'on aime bien retrouver mais qu'on aime pas voir durer. Enfin bon, j'm'arrête là... J'pense que vous avez compris !

Je suis seul, ca me travaille, et à force de rêver de ne plus l'être et d'en avoir un, j'me rends plus bien compte de comment j'pourrais m'en sortir. Chaque prise de conscience me fait de plus en plus mal et j'pense que le jour où j'vais enfin trouver ce que je cherche, j'me dirais que je rêve et passerait peut-être à côté.

Mais c'est bien de rêver, j'vous assure...

Bonne nuit et faites de beaux rêves !

Téqui !